Avec Burning, Lee Chang-dong adapte très librement la nouvelle Les Granges Brûlées de Haruki Murakami et s’attache au destin de trois jeunes gens à la dérive au cœur d’une Corée contemporaine coupante et indécodable. Difficile à résumer, le film se construit d’abord comme un triangle amoureux fragile et ambigu, avant de muter en quête de sens obsessive, en un récit sur l’effacement d’une génération perdue entre rêves déçus et réalités opaques. Ce n’est pas nouveau : Lee Chang-dong filme l’inaboutissement et l’invisible comme personne, et son Burning capture magnifiquement le trouble et l’insaisissable. Ce qu’il ne montre pas pèse souvent plus lourd que ce qu’il révèle. Son obscurité est aveuglante, son mutisme est assourdissant et son pouvoir de fascination est total. Car Burning n’est pas seulement une histoire : c’est un très grand morceau de cinéma, un sortilège, une disparition progressive dans la nuit...