Après un sympathique premier long très artisanal (Murder Party), Jeremy Saulnier assène une véritable tatane au cinéma indépendant avec le tétanisant Blue Ruin. Deux ans plus tard, Green Room grave dans le marbre le nom d’un réalisateur définitivement majeur. Survival glacial, âpre et sans la moindre concession, le film enferme ses personnages (et le spectateur avec eux) dans un piège d’une brutalité implacable. Le sang gicle sur des cadavres de bouteilles, les cris se noient dans le larsen des amplis, et chaque instant semble prêt à basculer dans l’irréparable. Violence frontale, mise en scène chirurgicale, casting qui tabasse et travail sidérant sur la montée progressive d’une atmosphère infernale font de Green Room un immense moment de cinéma fou et un étau horrifique dont il est tout simplement impossible de s’extirper.