L’an 2000 ne nous aura pas apporté de voitures volantes, mais cette année charnière fut le théâtre d’un événement bien plus important : l’acte de naissance officiel de l’un des tout meilleurs réalisateurs du cinéma moderne, à savoir Park Chan-wook. Après deux premiers films sortis dans l’indifférence générale, il signe avec JSA l’une des œuvres qui définira l’identité de la nouvelle vague du 7e Art coréen : l’assimilation du langage visuel hollywoodien au service d’un cinéma intimement lié à l’âme du Pays du Matin Calme. JSA s’attaque frontalement au drame générationnel des deux Corées par l’intermédiaire d’un thriller politique et militaire diablement "depalmien" dont la sophistication de la mise en scène, entièrement façonnée autour de la question du point de vue, n’empêche pas les éclats de violence aussi intenses qu’absurdes. Cerise sur le gâteau, le film met en avant un trio de comédiens alors méconnus (Lee Young-ae, Lee Byung-hun et Song Kang-ho) qui connaîtront par la suite d’incroyables carrières. Pas de doute, JSA est un film mythique.