Acteur aperçu dans Christine ou Top Gun, John Stockwell se reconvertit dans les années 2000 en réalisateur globe-trotteur. Après avoir littéralement pris le large avec les kitschons Blue Crush et Into the Blue, il transforme ici sa passion du voyage en cauchemar tropical moite et surfe cette-fois sur la vague sanglante lancée par Hostel. Loin du tour de force d’Eli Roth, Paradise Lost (rebaptisé en France pour échapper aux blagues graveleuses sur son titre original, Turistas) est un effort tout à fait recommandable, directement issu du cinéma d’horreur teigneux des années 2000, entre torture porn salé et survival méchant. Parfois accusé de racisme, le film n’évite, certes, pas certains clichés, mais le mal qui rode n’est finalement autre que l’impérialisme d’un Occident arrogant. Et la crétinerie insupportable de ses jeunes héros – backpackers candides et suffisants – qu’elle soit volontaire ou non, finit même par brosser un petit portrait acide du tourisme moderne. Tourné sur place au Brésil, Paradise Lost profite de décors somptueux, cadres paradisiaques de quelques belles atrocités. Mentions spéciales à une scène d’opération chirurgicale assez traumatisante et à une brillante course-poursuite aquatique dans des grottes immergées, qui prouve que le film sait aller plus loin que l’effet-choc en faisant monter la tension avec brio, sans boire la tasse.