Récit d’une vengeance douloureuse et implacable, Traque Sanglante s’affranchit avec tact des codes du rape & revenge traditionnel. Le Britannique Dan Reed, venu du documentaire, insuffle à ce vigilante féminin un réalisme cru, presque clinique, renforçant l’impact sensoriel et émotionnel de cette quête infernale. Attirée par la radicalité du projet, Gillian Anderson embrasse un rôle difficile avec hargne et sensibilité, incarnant un personnage loin des archétypes attendus. Un refus de binarité qui s’étend à l’ensemble de l’œuvre et confère au récit une intensité psychologique rare. Épuré et sec, Traque Sanglante élimine toute fioriture (1h17 au compteur) pour s’enfoncer dans une noirceur épaisse et collante. L’image boueuse en 35mm freine le confort de vision, participant au malaise visuel et moral de l’ensemble. Préparez-vous donc à perdre vos repères éthiques et à arpenter des chemins psychologiques tortueux, menant à un final glaçant où la rédemption est impossible et la tristesse tenace, inévitable, éternelle.