En contant le procès très médiatisé d’un tueur en série ayant filmé ses meurtres pour les vendre sur le dark web, Pascal Plante s’attaque à une dissection chirurgicale du Mal : sa genèse, sa circulation, son pouvoir de fascination… Un mal qui ne vit pas en marge, mais au cœur même d’une société qui -souvent sans le savoir- le créé, le consomme, l’entretient et le glorifie. Ce rapport trouble prend corps à travers Kelly-Anne, spectatrice fascinée du procès. Un personnage énigmatique et profondément atypique, aussi inquiétant qu’attachant et incroyablement incarné par Juliette Gariépy. Elle devient progressivement le miroir dérangeant de notre propre regard de spectateur, celui qui ne peut détourner les yeux de l’horreur. Une horreur pourtant jamais montrée frontalement mais qui, paradoxalement, n’en est pas moins insoutenable et obsédante. Les Chambres Rouges est un thriller d’une intelligence rare, redéfinissant la notion même d’horreur psychologique pour nous laisser moralement KO mais vivifié par tant de maîtrise, formelle et thématique.