Sayara

Initialement conçu sous un double format - à la fois mini-série pour Netflix et long-métrage condensé - Sayara sera finalement jugé trop violent et trop radical par le grand N rouge. Refusant de sacrifier son intégrité pour une diffusion confortable, le réalisateur turc Can Evrenol - déjà responsable du traumatisant cauchemar lovecraftien Baskin - choisit de se concentrer uniquement sur la version cinéma. Il livre alors un vigilante movie hardcore dans lequel Sayara, femme de ménage effacée, part en guerre contre les hommes responsables de l’agression et du meurtre de sa sœur. Si la violence de cette scène pivot n’est jamais éludée, Evrenol la traite sans voyeurisme ni complaisance, réservant ceux-ci à la vengeance brutale de son héroïne, dans la plus grande tradition grindhouse. Dénonçant frontalement l’impunité des auteurs de féminicides, protégés par un système politique pourri jusqu’à l’os, le film s’enfonce dans un gouffre de haine, un tourbillon sanglant et abyssal qui culmine dans une boucherie finale aux douces effluves de torture porn. Une expérience cathartique extrême et galvanisante, indéniablement réservée à un public très averti.