Schizophrenia est-il le plus grand film de tueur en série ? Il y a des chances. Transcrivant avec rigueur et objectivité l'épopée meurtrière (et malheureusement authentique) de l’Autrichien Werner Kniesek, le film scrute les mécanismes mentaux à l'œuvre en refusant de tomber dans le piège de la dramatisation et d’apposer un regard moral sur les événements, forçant le spectateur à faire lui-même ce travail. D’où une sensation de malaise et d’étouffement constante devant l’implacable déroulement de Schizophrenia, qui amplifie l’impact des actes du tueur par une mise en scène survoltée et inventive, pensée par un duo affamé de cinéma qui entendait montrer l’étendue de son talent : le réalisateur/producteur/scénariste Gerald Kargl et le chef-opérateur/scénariste/monteur Zbigniew Rybczynski. Triste paradoxe : la puissance dérangeante de leur travail leur vaudra une interdiction d’exploitation en Autriche, ce qui fera longtemps de Schizophrenia un film invisible, maudit, qui mettra des années à imposer sa folie au point de devenir une des plus grandes références en la matière. Attention, son visionnage risque de laisser des séquelles…